Ces thérapies peuvent être d’orientation psychologique, gynécologique, urologique, endocrinologique, cardiovascualires etc. Mais la sexologie possède également des thérapies spécifiques inspirées de nos connaissances de la sexualité et parfois indépendantes des autres spécialités médico-psychologiques. Et nous devons tous développer, évaluer et défendre ces sexothérapies. C’est pour cela que nous consacrerons désormais une rubrique contenant des analyses d’articles évaluant les différentes sexothérapies existantes ou émergeantes afin de leur donner une place équivalente à toutes les autres thérapies quelles qu’elles soient. Le tout premier texte de cette rubrique concerne un sujet qui fera toujours controverse : il s’agit de la sexothérapie « assistée par une partenaire professionnelle » pratiquée dans certains pays et analysée par le professeur Armand Lequeux sous ses aspects pratiques et éthiques. La seconde nouveauté est une rubrique consacrée à l’Histoire de la Sexologie. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux à exercer la sexologie comme une spécialité à part entière avec des règles de mieux en mieux établies, voire même des consensus, des évaluations objectives de nos pratiques et des traitements pharmacologiques spécifiques. Mais nous oublions parfois que la sexologie est une discipline très récente et que nous côtoyons, au quotidien pour certains d’entre nous, celles et ceux qui en ont écrit les premières lettres et qui l’ont développée, non sans difficultés le plus souvent. Et c’est à travers leurs histoires et leur histoire que nous avons choisi de vous narrer l’histoire de la sexologie, notre histoire… Nous avons l’immense plaisir et le privilège de compter parmi nos membres quelques-uns de ces pionniers et pionnières. Certains d’entre eux ont déjà accepté d’écrire et de nous confier, de façon exclusive et nous les en remercions chaleureusement, leur parcours et leur rencontre avec ce qui allait devenir la médecine sexuelle d’aujourd’hui. Et nous espérons que d’autres accepteront prochainement de nous ouvrir les portes de leur intimité professionnelle. La toute première histoire, dont vous découvrirez le premier épisode dans ce numéro, est celle d’un « plombier devenu psychiatre » comme il le dit lui-même ! Certains d’entre vous ont déjà deviné de qui s’agit-il j’en suis sûr. Mais le Bulletin de la SFMS est et restera un bulletin d’information scientifique basée sur les meilleures publications internationales récentes. Ce 39° numéro, ainsi que les futurs numéros, garderons cet esprit de la SFMS cher à tous ces membres. Et je vous invite à le parcourir pour y découvrir les analyses d’articles toujours aussi variées. Vous y trouverez par exemple une large analyse de Nathalie Dessaux traitant de la sexualité des adolescents ou encore une analyse par Chritophe Bonnin et Patrick Bouilly qui nous rappellent que la Dysfonction Erectile n’est pas simplement associée ou prédictive de la coronaropathie mais que ce lien est encore plus intime. Et ne ratez pas non plus la mise au point sur les traitements non chirurgicaux de la Maladie de la Peyronnie analysée par Marc Galiano et ponctuée par sa propre expérience professionnelle. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne balade dans ce numéro pré estival du Bulletin de la SFMS et vous souhaite, au nom du Comité de Rédaction, de bonnes et paisibles vacances à venir. Bonne lecture ! Billet d'humeurQui a peur du genre en médecine sexuelle ?Sans entrer dans la polémique qui a récemment secoué l’hexagone à propos de la théorie du genre, je profite de ce billet de bonne humeur pour interroger la pertinence des études de genre en médecine sexuelle. Nous sommes bien placés dans notre discipline pour observer qu’être pourvu d’un sexe mâle ou femelle conditionne fortement les heurs ou malheurs de nos fonctions sexuelles respectives. Citer Freud n’est plus guère tendance de nos jours, mais je rappellerai son célèbre aphorisme, selon lequel L’anatomie c’est le destin. Et le genre ? Puisqu’il s’agit du versant social, construit, de notre manière féminine ou masculine d’être au monde, il intervient évidemment massivement dans nos comportements sexuels en surimpression au déterminisme biologique. Cette distinction entre sexe et genre est souvent difficile à mettre en évidence, mais nous ne pouvons pas approcher la sexualité de nos patientes et de nos patients sans en tenir compte. C’est sans doute à l’occasion de consultations sexologiques à caractère exotique que, sans préjugé, nous pouvons observer à quel point les plaintes et souffrances sexuelles sont fortement influencées par la culture, les représentations et les stéréotypes sociaux liés au genre. Il en est de même dans nos activités de recherche. Nous ne pouvons pas, par exemple, envisager d’étudier l’influence d’une molécule sur le désir sexuel masculin ou féminin sans tenir compte des particularités socioculturelles de la population étudiée. Si le désir féminin est, a priori, stigmatisé et considéré comme inadéquat, il risque de ne pas répondre aux modifications biochimiques des aires cérébrales provoquées par cette substance. Par ailleurs, si le désir masculin est, a priori, une manifestation évidente et impérative de la virilité, il ne se laissera guère influencer par des variations du taux de testostérone. Il s’agit là de considérations évidentes et d’enfoncements de portes ouvertes ? Nos milieux académiques et professionnels ont depuis longtemps intégré ces nuances et ne tombent plus dans ces caricatures du style Mars et Vénus ? Pas si sûr ! On trouve encore dans des abrégés ou manuels de sexologie de ce début de siècle des experts qui considèrent que, par nature, la femme est un moteur diesel en ce qui concerne sa phase de désir, alors que l’homme est doté, naturellement, d’un turbo super boosté… Ou encore qu’il est évident que la femme ne peut développer sa génitalité érotique que dans un cadre romantique, alors que l’homme n’accède à l’intimité qu’après avoir soulagé sa pulsion génitale… Qu’en pensez-vous ? Les stéréotypes, les constructions sociales et les clichés qui font le genre influencent-ils nos pratiques professionnelles qui se leurrent en ne croyant que concerner le sexe ? Cette distinction est-elle pertinente et opérante en médecine sexuelle ou n’est-elle qu’une construction intellectuelle voire un phénomène de mode ? Bonne lecture pour la suite de ce bulletin et n’hésitez pas à manifester votre opinion. Pr Armand Lequeux, Université de Louvain, Belgique. Partagez vos réactions en nous écrivant à bulletin@sfms.fr A travers la littérature
Histoire de la SexologieIntroduction« Si tu ne sais pas d’où tu viens, tu ne sauras pas où aller » Nous sommes tous passionnés par le domaine de la sexologie et de la médecine sexuelle. Nous l’exerçons au quotidien et nous cherchons constamment à l’améliorer. Mais savons-nous vraiment comment ce domaine est né et comment a-t-il pris forme pour devenir notre spécialité ? Nous aurions pu demander à des historiens des sciences humaines de nous rapporter les réponses. Mais nous avons préféré demander à celles et ceux qui en ont posé les premières pierres ou qui ont simplement assisté à sa construction, de nous narrer leur histoire. Et à travers leurs histoires, nous laisser entrevoir, l’histoire de la sexologie, notre histoire...
Echo des congrèsInternational Society for the Study of Women’s Sexual Health14 Février 2014, San Diego Compte-rendu par Odile Buisson , France
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