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AndrologieUn cas particulier de MALADIE DE MONDOR : « La thrombose de la veine dorsale superficielle de la verge »D’après P. Quéhé, et col Journal des Maladies Vasculaires 2009 Analyse par le Dr Patrick Bouilly, Cergy-Pontoise, France Une forme particulière de maladie de Mondor touchant la veine dorsale superficielle de la verge, fut initialement décrite par Braun-Falco (1) en 1955 puis isolée par Helm et Hodge (2) en 1958. Par la suite, plusieurs cas ont été répertoriés dans la littérature ; à ce jour, on en recense plus de 40. Cette atteinte spécifique mérite qu’on la distingue de la thrombose veineuse superficielle (TVS) classique de la paroi latérothoracique car elle est moins fréquente, la clinique et les étiologies sont différentes et la prise en charge habituelle urologique est parfois plus radicale. Cliniquement, le patient se présente avec une douleur ou une induration sur le trajet de la veine dorsale superficielle souvent associée à un œdème du prépuce et une inflammation périveinulaire (3). Il s’agit plus d’une thrombophlébite que d’une phlébothrombose classiquement décrite dans l’atteinte des veines de la paroi latéro-thoracique. L’étiopathogénie est inconnue. Des facteurs favorisants (tableau 1) comme une activité sexuelle intense récente ou au contraire une abstinence, une cause infectieuse ou irritante locale comme du sang d’origine menstruel, une occlusion veineuse par un globe vésical, l’injection de substances intraveineuses ont été retrouvées. Ailleurs, il s’agira d’un traumatisme banal (une randonnée équestre, le port d’une ceinture lourde). Actuellement, c’est l’hyperactivité sexuelle(4) qui est considérée comme le facteur de risque principal par le traumatisme
génital qu’elle entraine Sasso et al. (5) en 96 sur dix patients d’âge moyen de 35 ans ont retrouvé les étiologies suivantes :
L’écho-doppler veineux tient une place importante dans le diagnostic et le suivi car il permet de poser une indication opératoire en l’absence de reperméation dans un délai de neuf à dix semaines ou devant une extension du thrombus sous traitement médical (5). L’examen histologique n’est pas recommandé. Le diagnostic différentiel concerne la maladie de La Peyronie (6, 7). L’évolution est en règle favorable soit spontanément, soit sous traitement anti-inflammatoire local ou général. TraitementSur le plan thérapeutique, quelle que soit la localisation de la maladie de Mondor, il est nécessaire de supprimer la cause ou les facteurs prédisposants s’ils sont retrouvés pour favoriser la guérison et éviter la récidive :
Certains auteurs recommandent l’utilisation d’antiagrégants et d’anticoagulants au stade précoce afin d’accélérer la guérison. Exceptionnellement, il est réalisé une thrombectomie chirurgicale (15). ConclusionLongtemps ignorée, sous-estimée car spontanément résolutive, considérée comme bénigne car probablement mal connue, la maladie de Mondor doit tenir une place non négligeable dans le vaste concept de maladie veineuse thrombotique. La notion même de maladie de Mondor touchant habituellement le réseau veineux superficiel latéro-thoracique supérieur ne fait pas l’unanimité et est remise en question par certains auteurs. Même si l’atteinte veineuse superficielle reste majoritaire, il est classique de considérer sous le terme de « maladie de Mondor » une atteinte vasculaire superficielle non seulement de nature veineuse mais aussi lymphatique ou artériolaire. La bénignité si souvent admise et usuelle ne doit pas faire oublier une éventuelle pathologie néoplasique sous-jacente notamment mammaire et doit inciter à sa recherche en fonction des facteurs de risque individuels (12,7 % de cancer du sein sont associés à une maladie de Mondor). Le diagnostic est avant tout clinique :• une étiologie ou un facteur prédisposant sont retrouvés dans près de 50 % des cas ; • l’écho-doppler tient alors une place importante ; • enfin, il s’agit d’une pathologie peu banale dont l’étiopathogénie mal connue doit inciter à la mise en place d’un suivi à court et moyen termes. Tableau 1
MALADIE DE MONDOR A propos de trois cas et revue de littérature P. Quéhé, A.H Salibou, B. Guias, L. Bressollette ** extrait - Journal des Maladies Vasculaires (2009) 34, 54-60 ** Références(1) Braun-Falco O. Zur Klinik, histologie, und pathogenese der strangformigen oberflachlichen phlebitiden. Dermatol Wochenschr 1955 ; 132 :705-15 (2) Helm JD, Hodge IG. Thrombophlebitis of a doral vein of penis, report of a case treated by phenylbutazone. J Urol 1958 ; 79:306-7 (3) Batista Thomaz J. Enfermemad de Mondor. Angiologia 1991 ; 43:11-5 (4) Swierzewski 3rd SJ, Denil J, Ohl DA. The management of penile Mondor’s phlebitis : superficial dorsal penile vein thromobosis. J Urol 1993 ; 150:77-8 (5) Sasso F, Gulino G, Basar M, Carbone A, Torricelli P, Alcini E. Penile Mondor’s disease : an underestimated pathology. Br J Urol 1996 ; 77:729-32 (6) Griger DT, Angelo TE, Grisier DB. Penile Mondor’s disease in a 22-year-old man. J Am Osteopath Assoc 2001 ; 101:235-7 (7) Thomazeau H, Alno L, Lobel B. Thrombose de la veine dorsale de la verge. J Urol 1983 ; 89 :691-2 (8) Pugh CM, Dewitty RL. Mondor’s disease. J Natl Med Assoc 1996 ; 88:359-63 (9) Kikano GE, Caceres VM, Sebas JA. Superficial trhombophlebitis of the anterior ches wall (Mondor’s disease). J Fam Pract 1991 ; 33:643-4 (10) Hermann JB. Thrombophlebitis of breast and contiguous thoracoabdominal wall (Mondor’s disease). N Y State J Med 1966 ; 15:3146-52 (11) Bejanga Bl. Mondor’s disease : analysis of 30 cases. J R Coll Surg Edinb 1992 ; 37:322-4 (12) Chiedozi LC, Aghahowa JA. Mondor’s disease associated with breast cancer. Sugery 1988 ; 103:438-9 (13) Bahal V, Mansel RE. Mondor’s disease secondary to breast abscess in a male. Br J Surg 1986 ; 73:931 (14) Cox EM, Siegel DM. Mondor’s disease : an unusual consideration in a young woman with a breast mass. J Adolesc Health 1997 ; 21:183-5 (15) Markopoulos C, Kouskos E, Mantas D, Kakisis J, Antonopulou Z, Kontzoglou K, et al. Mondor’s disease of the breast : is here any relation to breast cancer ? Eur J Gynaecol Oncol 2005 ; 26:213-4. COMMENTAIRES – Dr P.BOUILLYMEDECIN VASCULAIRE – SEXOLOGUE L’intérêt de cette revue de la littérature est réel car les publications sur la thrombose de la veine dorsale superficielle du pénis sont effectivement rares et de plus avec des séries courtes. Dans ma pratique quotidienne, j’ai toutefois pu répertorier 1 à 4 cas par an depuis 1989. Ainsi, on se trouve souvent face à un patient inquiet, avec douleurs locales de la base du pénis brutales et souvent irradiantes, qui présente un cordon induré douloureux et inflammatoire, et parfois une dysfonction érectile partielle débutante associée. Le diagnostic est avant tout clinique mais, dans les cas litigieux, la réalisation d’un echo-doppler pénien autorise une certitude diagnostique et un éventuel suivi thérapeutique. La recherche d’une pathologie néoplasique principalement hématologique doit toujours être effectuée de façon systématique. Sur le plan thérapeutique, la prescription d’anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS) locaux et par voie générale, voir une antibiothérapie associée sont souvent suffisants. |