De nouvelles données sur le vieillissement sexuel physiologique masculin à partir de la cohorte de l’Olmsted County Study of Urinary Symptoms and Health Status among Men

D’après l’article de N M Gades et coll, J Sex Med 2009

Analyse par Jacques Buvat, Lille, France

L’Olmsted County Study of Urinary Symptoms and Health Status porte sur un échantillon randomisé de 2213 hommes de 40 à 79 ans suivis depuis 1990 dans le comté d’Olmsted aux USA. La fonction sexuelle de ces hommes a été évaluée tout les deux ans pendant huit ans (1996 à 2004) à l’aide d’un questionnaire validé comportant 21 questions regroupées en cinq domaines : désir, fonction érectile, fonction éjaculatoire, perception d’avoir un problème sexuel, et satisfaction sexuelle d’ensemble. Les auteurs  présentent les résultats de cette évaluation longitudinale prospective.

L’analyse montre que les scores de chacun de ces cinq domaines de la fonction sexuelle déclinent avec le temps. Il existe des corrélations modérées entre les changements longitudinaux des différents domaines. Les apports les plus intéressants sont  les suivants :

  • Quantification du déclin de chacun des scores, et de l’évolution avec le temps des proportions de cas de dysfonction érectile, dysfonction éjaculatoire, et désir sexuel hypo actif, ainsi que des hommes qui considèrent qu’ils ont un problème sexuel, et de ceux qui sont peu satisfaits de leur sexualité.
  • Absence de confirmation dans ce large échantillon d’une incidence plus élevée de dysfonctions sexuelles chez les hommes présentant les différentes pathologies à risque telles que diabète, cardiopathie, hypertension . . . rapportée par la Massachusset’s Male Aging Study. Plus exactement  l’analyse transversale faite à partir des données à l’entrée dans l’étude avait bien trouvé des associations significatives entre dysfonction sexuelle et prévalence du diabète, du tabagisme, ainsi que taux d’androgènes. Cependant, chez les sujets qui présentaient une dysfonction sexuelle lors de l’entrée dans l’étude, le déclin ultérieur de la fonction sexuelle n’a pas été plus rapide chez les diabétiques, cardiaques et/ou hypertendus que chez les hommes qui ne présentaient pas ces facteurs de risque.
  • L’étude suggère une meilleure acceptation des problèmes sexuels chez les hommes les plus âgés : ainsi, bien que le déclin des fonctions érectile, éjaculatoire, et de la libido, s’accélère chez les hommes  de 70 ans et plus par rapport aux hommes plus jeunes, le sentiment qu’ont ces hommes âgés de présenter une dysfonction sexuelle n’augmente pas dans la même proportion. A niveau de dysfonction sexuelle égal, ce sentiment est beaucoup plus important chez les hommes plus jeunes.
  • Enfin la satisfaction sexuelle semble également moins affectée par l’accélération du déclin sexuel chez les hommes âgés.  Ceci est bien objectivé  dans l’une des figures de l’article par le parallélisme des courbes représentant les taux de dysfonction érectile, dysfonction éjaculatoire, manque de désir, insatisfaction sexuelle et perception d’avoir un problème sexuel jusque l’âge de 70 ans. Ensuite si les courbes indiquant les taux de dysfonctions érectile et éjaculatoire, et de manque de désir, poursuivent une trajectoire parallèle jusque l’âge de 85 ans, celles qui représentent les taux d’insatisfaction sexuelle et de perception d’avoir un problème sexuel se détachent des précédentes par une pente moins abrupte.

En conclusion cette étude prospective a objectivé les changements longitudinaux de cinq domaines sexuels.  Ces changements étaient modérément corrélés entre eux dans le temps. Les fonctions érectile, éjaculatoire, et le désir déclinent avec le temps et ce déclin s’accélère à partir de 70 ans. Cependant les hommes de 70 ans et plus en semblent moins affectés puisqu’ils en éprouvent moins d’insatisfaction, et ont moins tendance à considérer ce déclin comme un problème.