Le veuvage augmenterait-il le risque d’infection sexuellement transmissible ?

D’après l’article de  Smith KP et coll, American J Public Health, Sept 2009

Analyse par Gilbert Bou Jaoudé, Lille, France

Voilà une curieuse question à laquelle les auteurs de cette étude ont tenté de répondre !

En effet, l’objectif de cette étude était d’évaluer l’association entre le veuvage et le risque de survenue d’une Infection Sexuellement Transmissible (IST) chez les personnes de plus de 67 ans aux Etats-Unis, et d’évaluer plus particulièrement si cette association était influencée par une éventuelle prescription de sildenafil pour dysfonction érectile.

Pour cela, les auteurs ont enregistré puis analysé statistiquement les infections sexuellement transmissibles survenant chez des couples mariés, âgés de 67 et 99 ans à l’entrée de l’étude en 1993. En réalité, il s’agit d’une analyse secondaire d’une large étude épidémiologique ayant inclus, et observé durant une période de 9 ans, 420 790 couples.

Les principaux résultats

  •  21 % des hommes et 43 % des femmes ont perdu leur partenaire au cours des 9 ans
  •  seuls 0.65 % des hommes et 0.97 % des femmes ont contracté une infection sexuellement transmissible
  •  le veuvage a effectivement été associé à une augmentation du risque d’IST uniquement chez les hommes, et tout particulièrement au cours des 6 à 12 mois suivant le décès du conjoint
  •  le risque d’IST a été également augmenté après la prescription d’un traitement par sildenafil

Commentaires

Même si les auteurs concluent que chez les hommes de plus de 67 ans veuvage et utilisation du sildenafil augmentent le risque d’Infection Sexuellement Transmissible, ce risque reste faible.

La différence observée entre les hommes et les femmes de cette étude suggère des différences des comportements sexuels des homes et des femmes âgés (différences des besoins sexuels par exemple, ou du sentiment de fidélité au conjoint décédé). Elle peut également refléter le manque d’information des hommes de cette tranche d’âge en ce qui concerne le risque et la prévention des IST.

Quoiqu’il en soit, les résultats de cette étude nous rappellent l’intérêt d’évoquer la prévention des IST même chez les personnes âgées vivant seules lorsqu’elles nous consultent pour des difficultés sexuelles et en particulier lorsque nous leur prescrivons un IPDE 5. Ces conseils de prévention sont souvent donnés aux jeunes patients mais nous ne pensons pas toujours à les rappeler aux patients plus âgés dont certains retrouvent, grâce à nos soins, une jeunesse sexuelle !