Un paramètre prédictif de la capacité du couple à s’adapter aux bouleversements de la fonction sexuelle après traitement du cancer de la prostate ?

BREVE, par Jacques BUVAT, Lille, France

A partir de l’article de Beck AM, Robinson JW, Carlson LE. Sexual Values as the Key to Maintaining Satisfying Sex After Prostate Cancer Treatment : The Physical Pleasure-Relational Intimacy Model of Sexual Motivation. Arch Sex Behav, publication en ligne du 18 Septembre 2013.

Les dysfonctions sexuelles sont l’effet indésirable le plus significatif à long terme après traitement du cancer de la prostate. En dépit des nombreux traitements disponibles pour traiter la dysfonction érectile (DE), beaucoup de couples rapportent que leur relation est insatisfaisante, et abandonnent même souvent toute relation sexuelle.

Dans cette étude, les auteurs Canadiens (de Calgary) ont essayé de comprendre ce qui distingue les couples qui parviennent à s’adapter aux changements survenus dans leur fonction sexuelle suite au traitement du cancer prostatique de ceux qui n’y parviennent pas. Leur étude pilote a inclus dix sept couples, dont dix maintenaient une intimité sexuelle satisfaisante après ce type de traitement, et sept autres n’y étaient pas parvenus. Ces couples ont été interviewés de façon conjointe, ainsi qu’individuellement. Les entretiens ont été transcrits et analysés selon la méthodologie habituelle à ce type d’étude qualitative.

Les hypothèses qui ont résulté de ces évaluations suggèrent qu’il existe deux motivations principales à avoir des rapports sexuels : le plaisir physique, et l’intimité relationnelle qu’apporte l’activité sexuelle. Dans leur étude, les couples qui valorisaient l’activité sexuelle principalement pour l’intimité relationnelle qu’elle leur permettait avaient mieux réussi à s’ajuster aux modifications de leur fonction sexuelle que ceux qui valorisaient principalement le plaisir physique résultant de l’activité sexuelle. La capacité d’acceptation, ainsi que la flexibilité, et la persévérance semblaient également jouer un rôle important dans le processus d’adaptation. Leurs résultats apportent également un éclairage nouveau sur les principales motivations à s’impliquer soit dans une activité sexuelle gouvernée par la recherche de plaisir, soit dans une activité sexuelle guidée par la recherche d’une intimité relationnelle, en tant que facteur déterminant dans la réussite du maintien d’une intimité sexuelle satisfaisante après traitement du cancer de la prostate.

A partir de ces constatations, les auteurs ont construit un nouveau modèle théorique, le « Physical Pleasure-Relational Intimacy model of Sexual Motivation (PRISM) (modèle de motivation sexuelle plaisir physique versus intimité relationnelle). Comme on pouvait s’y attendre le modèle PRISM prédit que les couples qui valorisent principalement l’intimité relationnelle dans l’activité sexuelle s’adapteront mieux aux challenges sexuels qui se présentent après traitement du cancer de la prostate que ceux qui donnent moins d’importance à ce type de sexualité pour intimité relationnelle. Les auteurs développent également les implications de ce modèle pour le conseil sexuel à apporter aux couples dont le partenaire masculin a été opéré de cancer de la prostate. Ils concluent en soulignant que, bien sûr, ce modèle reste à tester en pratique dans les études cliniques à venir