Pourquoi visionne t’on de la pornographie sur Internet ?

Bryant P et Shim JW, Int J Sex Health 2008,20 :187-199

Analysé par le Dr Jacques Buvat, Lille, France

Pour ceux qui imagineraient que c’est pour s’exciter bêtement tout seul devant son écran à ses heures perdues, la situation est en fait plus complexe selon cette enquête en ligne organisée par des auteurs américains chez 383 étudiants des deux sexes. Ils étaient âgés en moyenne de 20 ans. Quatre vingt trois pour cent étaient blancs, 98 % hétérosexuels, 66 % se considéraient chrétiens et 14 % juifs.

Vingt trois raisons possibles avaient été proposés. Les résultats ont été analysés par analyse factorielle du principal composant et rotation varimax. Quatre facteurs principaux ont pu être ainsi identifiés, qui rendaient compte de près de 70 % de la variance totale. Le premier était une motivation « relationnelle », consommation de matériel pornographique soit en couple, pour augmenter la stimulation sexuelle, soit en groupe d’amis ou d’étudiants, la signification sociale de cette activité étant aussi importante que sa signification érotique. La seconde motivation était dans cette série d’utiliser la pornographie comme moyen de stimulation mentale, soit renforcement du désir lors de la masturbation, mais tout autant apaisement du stress, occupation de l’esprit quand on s’ennuie (pour passer le temps !). La troisième était une forme d’addiction à la pornographie sur Internet, supportant l’hypothèse que ce comportement peut devenir pathologique, avec une composante de compulsivité sexuelle. Enfin la dernière motivation importante était une utilisation pour enrichir les fantasmes ou renforcer l’excitation. La motivation de recherche d’informations sur la sexualité était par contre peu fréquente. Par exemple très peu d’étudiants choisirent la réponse « découvrir une nouvelle position sexuelle ».

Comme on pouvait s’y attendre, les garçons consommaient beaucoup plus de pornographie en ligne que les filles. Les analyses de corrélation trouvèrent par ailleurs une corrélation très significative entre chacune des quatre motivations et le profil érotophile, et par contre comme on pouvait s’y attendre une corrélation inverse avec le profil érotophobe.