Chers amis,
Je voudrais partager avec vous un article récent très important publié sous l’égide de l’International Consultation for Sexual Medicine (ICSM) qui porte le titre :
« Review of recent data on disorders of ejaculation and orgasm in men: Recommendations from the Fifth International Consultation on Sexual Medicine ».
Il a été rédigé par des experts issus de centres de médecine sexuelle prestigieux répartis en Californie, en Floride, en Turquie, en Norvège, en Égypte, en Inde et en Chine.
En ce qui concerne les troubles de l’éjaculation – un sujet encore assez tabou, qui touche beaucoup d’hommes, les inquiète mais dont ils n’osent pas toujours parler – il faut retenir les points suivants.
Avec l’âge, il est fréquent que le volume de sperme diminue. L’article met en avant l’importance du vieillissement physiologique comme facteur isolé, un point jusqu’ici souvent sous-estimé. Mais cette baisse peut aussi être provoquée par certains traitements, notamment les alpha-bloquants (prescrits pour la prostate ou l’hypertension), les antiandrogènes (dans certaines maladies prostatiques) et les antidépresseurs ISRS. La chirurgie de la prostate et les troubles hormonaux peuvent également jouer un rôle. Dans certains cas, le sperme ne sort pas à l’extérieur mais reflue dans la vessie : on parle alors d’éjaculation rétrograde. Cette situation est différente de l’anéjaculation, où il n’y a pas du tout d’émission. L’article insiste sur cette distinction, avec un protocole clair : une analyse d’urines post-orgasme permet de confirmer le reflux spermatique. Cette précision pratique est nouvelle : auparavant, la littérature confondait souvent les deux.
Concernant la dysejaculation (éjaculation douloureuse), l’article recommande une approche multidimensionnelle inspirée du modèle UPOINT utilisé pour les douleurs pelviennes chroniques, qui prend en compte les dimensions urologique, psychosociale, neurologique et musculaire. L’accent est mis sur la rééducation périnéale comme traitement émergent, ce qui constitue une nouveauté importante car ce type de prise en charge n’était pas mis en avant dans les recommandations précédentes.
En ce qui concerne l’hématospermie (sang dans le sperme), l’article rappelle qu’elle est le plus souvent bénigne et qu’elle nécessite surtout de rassurer le patient. La grande nouveauté est la proposition d’un parcours minimaliste : un simple ECBU, un dosage du PSA chez les hommes de plus de 40 ans, et une imagerie uniquement en cas de récidive ou de suspicion clinique. Cette simplification du bilan permet d’éviter les explorations excessives et se veut plus pragmatique que les anciennes approches.
La climacturie, c’est-à-dire la fuite d’urine au moment de l’éjaculation, reste un problème surtout après chirurgie prostatique. L’article souligne l’intérêt du sling sous-urétral associé à un implant pénien prothétique, dans la technique dite de la « Mini-Juepette ». Concrètement, il s’agit d’une petite bandelette placée sous l’urètre au moment de la mise en place d’un implant pénien, qui permet de mieux contrôler les fuites. Cette solution innovante est proposée pour les cas sévères après prostatectomie.
Enfin, pour la spermatorrhée, l’article insiste sur le rôle central de la rassurance médicale, après avoir exclu une infection sexuellement transmissible ou une infection urinaire, plutôt que de multiplier les examens.
[En résumé, les nouveautés principales de ce travail résident dans la clarification des définitions (anéjaculation vs rétrograde), la reconnaissance du vieillissement comme facteur de baisse du volume éjaculé, la simplification des bilans (notamment pour l’hématospermie), l’introduction de la rééducation périnéale comme traitement de l’éjaculation douloureuse et de la climacturie, et l’émergence de nouvelles techniques chirurgicales comme la Mini-Juepette. L’article souligne également l’importance d’une approche pragmatique, centrée sur le patient, et le besoin urgent de recherches de qualité.]