Femmes Fontaines : histoire et avancées scientifiques d’un phénomène naturel

Femmes Fontaines : histoire et avancées scientifiques d’un phénomène naturel qui a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre.

 

L’éjaculation féminine, souvent désignée sous l’expression « femmes fontaines » en France, est un phénomène sexuel féminin qui suscite fascination, débats et recherches.  Explorons ensemble l’histoire de cette manifestation physiologique à travers les âges et les cultures, son évolution dans la littérature scientifique et médicale, ainsi que sa réalité biologique. De l’Antiquité où elle était célébrée, aux études modernes qui tentent d’en clarifier la nature.

 

Définition et Terminologie

En France, on parle communément de « femmes fontaines« , tandis que la littérature internationale utilise des termes comme « female ejaculation », « squirting » ou « vaginal squirting« . Ces expressions désignent toutes le même phénomène : l’expulsion par l’urètre d’une quantité variable de liquide au moment d’une forte excitation sexuelle ou de l’orgasme.

 

Il est important de distinguer deux phénomènes souvent confondus : l’éjaculation féminine proprement dite (émission d’un liquide blanchâtre en petite quantité) et le « squirting » (expulsion plus abondante d’un liquide clair). Cette distinction sera explorée plus en détail dans les sections suivantes.

La terminologie utilisée reflète souvent les perceptions culturelles et scientifiques de ce phénomène. L’évolution de ces termes témoigne du passage d’une vision mythique ou sacrée à une approche plus médicale et scientifique au fil des siècles.

 

Un état connu travers les civilisations

Dans l’antiquité gréco-romaine, les fluides féminins, nommés « liquor vitae », étaient considérés comme contenant l’essence vitale nécessaire à la création de la vie. Hippocrate (460-375 av. J.-C.) affirmait que « l’essence féminine se mêle à celle de l’homme dans un seul but : la reproduction.

La tradition taoïste évoque « la voie des trois eaux » : la première eau (lubrification), la seconde eau (début de l’orgasme), et la troisième eau (éjaculation à l’apogée de l’orgasme). Ces fluides étaient considérés comme vitaux pour la femme et son partenaire

Le Kama Sutra (200-400 apr. J.-C.) mentionne que « la semence de la femme coule continuellement » pendant l’acte sexuel. Dans les pratiques tantriques, le liquide éjaculatoire féminin était considéré comme bénéfique et parfois consommé pour ses vertus

Dans le Japon du 16ème siècle, le fluide éjaculatoire féminin était considéré comme un aphrodisiaque aux vertus rajeunissantes. Les Japonais utilisaient le « heikonoinho » et le « harikata » (bol attaché à un support) pour recueillir ce liquide et le consommer comme un thé aux propriétés médicinales.

À travers l’histoire et les cultures, on constate que l’éjaculation féminine était non seulement reconnue, mais souvent valorisée et intégrée dans des pratiques rituelles ou médicinales. Loin d’être une « nouveauté » comme certains pourraient le croire, ce phénomène est documenté depuis des millénaires

De la Tradition au Débat Scientifique : La Prostate Féminine

 

Le passage d’une vision sacrée à une approche anatomique de l’éjaculation féminine s’est opéré progressivement avec les avancées médicales. Plusieurs scientifiques ont contribué à cette évolution

Reinjier De Graaf (1664-1673) : Ce gynécologue néerlandais fut le premier scientifique à décrire précisément les organes génitaux féminins et les glandes péri-urétrales. Il notait que « la prostate a pour fonction de produire un liquide glaireux et de rendre ainsi la femme plus désirable grâce à son odeur âcre et salée »

Alexandre Skène (1837-1900) : Ce gynécologue écossais identifia en 1880 les glandes qui portent aujourd’hui son nom (glandes de Skène), considérées comme l’équivalent féminin de la prostate.

Ernest Gräfenberg (1881-1957) : Il décrivit une zone vaginale érectile et observa que « l’expulsion de fluides apparaît à l’acmé de l’orgasme… Ce liquide transparent est éjecté non pas de la vulve mais de l’urètre, par jets ».

Ces découvertes ont pavé la voie aux recherches modernes sur ce qu’on appellera plus tard le « point G » (néologisme créé par Addiego en 1981), une zone érogène considérée comme liée au complexe clitorido-urétro-prostato-vaginal et souvent associée à l’éjaculation féminine.

 

Quelle est la Nature du Liquide ?

 

Depuis les années 1980, plusieurs équipes de recherche ont analysé la composition du liquide éjaculatoire féminin. Les travaux de Zaviacic ont identifié 15 enzymes de la prostate masculine dans les glandes de Skene, conduisant à l’adoption officielle du terme « prostata femina » par la Fédération Internationale de Terminologie Anatomique (FICAT) en 2001.

En 2011, Rubio-Casillas a distingué deux fluides différents :

  • Un liquide abondant, aqueux et transparent (« squirting »), contenant de l’urée, de la créatinine et de l’acide urique
  • Un liquide moins abondant (< 1 mL), épais, d’aspect laiteux, contenant de l’antigène prostatique spécifique (PSA), considéré comme le véritable éjaculat prostatique

L’étude de Devaux et Salama en 2014 a combiné des explorations échographiques et des dosages biochimiques pour étudier le phénomène. Les résultats ont montré :

  • Un remplissage de la vessie durant la stimulation sexuelle
  • Une vidange complète après l’émission du liquide
  • Des compositions similaires en urée, créatinine et acide urique entre l’urine et le liquide émis
  • La présence de PSA chez 5 femmes sur 7, suggérant un mélange d’urine et de sécrétion prostatique

Ces recherches confirment que le phénomène des « femmes fontaines » implique principalement une émission d’urine diluée, parfois mélangée à une petite quantité de sécrétion prostatique, distincte de l’éjaculation féminine proprement dite qui est plus rare et moins abondante.

 

Éjaculation Féminine et Incontinence : Une Distinction Nécessaire
Éjaculation Féminine :
Phénomène physiologique lié à l’excitation sexuelle
Liquide blanchâtre en petite quantité
Contient du PSA (antigène prostatique spécifique)
Production par les glandes de Skène

 

Squirting :

Émission abondante lors de l’excitation sexuelle

Liquide clair et abondant

Composition proche de l’urine diluée

Provient principalement de la vessie

Incontinence Coïtale

Trouble médical pouvant nécessiter un traitement

Survient à la pénétration ou à l’orgasme

Souvent liée à l’hyperactivité détrusorienne

Généralement associée à d’autres troubles mictionnels

 

Ainsi, l’incontinence urinaire coïtale est un trouble médical distinct du phénomène des « femmes fontaines ». Les études de Khan et Serati ont établi un lien entre l’hyperactivité vésicale et l’incontinence lors de l’orgasme (présente chez 69% des femmes souffrant d’hyperactivité détrusorienne). Cependant, contrairement au « squirting », l’incontinence coïtale est généralement un symptôme supplémentaire chez des patientes qui présentent déjà d’autres troubles mictionnels.

 

Cette distinction est importante pour éviter la pathologisation d’un phénomène naturel tout en identifiant correctement les cas qui relèvent d’une prise en charge médicale.

 

Prévalence et Caractéristiques

 

Les études sur la prévalence de l’éjaculation féminine présentent des résultats très hétérogènes, principalement en raison des méthodologies variées (questionnaires en ligne) et des définitions imprécises du phénomène. Entre 40% et 54% des femmes rapportent avoir expérimenté ce phénomène au moins une fois dans leur vie.

Une étude internationale menée dans 16 pays a révélé que l’âge médian de la première émission est de 24 ans (avec une fourchette allant de 7 à 68 ans). Environ 19,4% des femmes concernées expérimentent ce phénomène quotidiennement. Quant à la quantité de liquide émis, 12% décrivent quelques gouttes seulement, tandis que 40% rapportent un volume supérieur à 150 mL.

Il est intéressant de noter que peu de femmes connaissent la nature exacte du fluide qu’elles émettent, ce qui reflète le manque d’éducation et d’information sur ce sujet encore tabou dans de nombreuses cultures.

 

Vécu et Perceptions : Entre Plaisir et Tabou

 

Du Côté des Femmes :

Les entretiens directs révèlent que pour la majorité des femmes concernées, l’expulsion de liquide amplifie significativement la jouissance. Cependant, certaines éprouvent de la gêne, de la honte, voire des douleurs associées à ce phénomène, souvent en raison du manque d’information et des tabous sociaux.

 

Plus de 80% des femmes interrogées considèrent ce phénomène comme bénéfique pour leur sexualité

Environ 10% perçoivent cette manifestation comme un problème ou une pathologie

Plus de 50% rapportent une sensation de plaisir intense, distincte de l’orgasme classique

Ces données soulignent l’importance d’une éducation sexuelle complète et démystifiée, permettant aux femmes et à leurs partenaires de comprendre et d’accepter ce phénomène naturel sans honte ni tabou. La recherche continue d’explorer les aspects physiologiques et psychologiques de l’éjaculation féminine, contribuant progressivement à normaliser cette expression de la sexualité féminine.

 

Du Côté des Partenaires

L’étude de Wimpissinger et ses collaborateurs a montré que 90% des partenaires ont une attitude plutôt positive face au phénomène des « femmes fontaines ». Environ 5% se déclarent indifférents, tandis que seulement 0,6% expriment une opinion négative.

 

Une autre étude menée auprès de 12 hommes ayant des partenaires « fontaines » a révélé que :

8 rapportent apprécier ce phénomène

5 le recherchent activement

6 l’associent à l’orgasme féminin

9 notent que des préliminaires longs sont nécessaires

11 utilisent une technique de stimulation particulière

Fait intéressant, 100% des participants à cette étude croient que toutes les femmes sont potentiellement « fontaines », une affirmation qui reste à confirmer scientifiquement.

 

Ce phénomène quasi mystique pour certain(e)s extrêmement recherché pour d’autres trouve a été décrit tout au long de l’histoire moderne. Il est important de pouvoir rassurer les femmes et leurs partenaires sur ce phénomène parfois associer à l’orgasme, parfois distinct de celui-ci mais qui semble s’accompagner d’une meilleure entente dans la relation quand il survient. Ainsi ils vécurent heureux d’amour et d’eaux fraiches … ou tièdes